Avec la crise du Covid-19, plusieurs entreprises ont changé leur approche sur le télétravail en laissant les salariés en télétravail. Parfois cela rime avec travailler à distance de manière isolée. Les risques de burn-out se sont donc multipliés. Comment détecter puis prévenir ce syndrome d’épuisement physique, émotionnel et mental lorsque les salariés ne sont pas sur le lieu physique de travail ?
Comment scruter les signes de burn-out ?
« Le manager reste le mieux placé pour identifier les signes avant-coureurs, tout comme les collègues de travail », explique Sandrine Vialle Lenoël, psychanalyste spécialisée dans la prévention des risques professionnels.
Le retrait vis-à-vis de son équipe ou l’agacement répété en visioconférence doivent par exemple alerter, car ils révèlent un « trop plein » caractéristique du burn-out. Pour ne pas passer à côté de la souffrance de leurs collaborateurs, les managers ont tout intérêt à les interroger régulièrement sur leur état d’esprit, leur charge de travail, leurs conditions de télétravail, leurs horaires… « Tout l’enjeu consiste à prendre les devants », indique-t-elle.
Des échanges qui doivent forcément être menés à titre individuel. « En visioconférence, certains salariés sont en représentation. Si un collaborateur ne se sent pas bien, il n’osera pas le dire dans ce contexte collectif », assure-t-elle.
D’autres indicateurs doivent également mettre la puce à l’oreille du manager. Les absences injustifiées, le nombre d’arrêts de travail, la non-participation aux réunions à distance sont des indicateurs qu’il faut mesurer de manière régulière et qui doivent alerter.
Les solutions à mettre en place
Les entreprises étant responsables de la sécurité de leurs salariés, elles doivent rappeler toutes les instances qui sont à la disposition de leurs collaborateurs, y compris s’ils sont en télétravail.
- Encourager un salarié en souffrance à parler avec un collègue de travail, un manager ou un référent risques psychosociaux. Leur écoute sera moins professionnelle, mais plus proche et plus chaleureuse
- Les cellules psychologiques constituent un premier niveau d’assistance pour les salariés en souffrance. Un échange téléphonique d’une dizaine de minutes ne leur suffira pas à trouver des éléments de réponses, mais leur permettra d’aller un cran plus loin : prendre conscience qu’il est important de consulter un médecin ou un spécialiste pour exprimer leur mal-être
- Organiser par exemple des sessions d’échanges sur le bien-être au travail qui permettent aux collaborateurs d’aborder des sujets très pragmatiques : repérer les signaux faibles liés au burn-out, connaître les facteurs de risques, réagir face à un collègue en souffrance
Former les collaborateurs
Pour éviter une accumulation de stress chez les collaborateurs les plus fragiles, les entreprises peuvent anticiper au maximum. « En télétravail, certains salariés jonglent entre plusieurs outils numériques sans pour autant avoir été formés. Les aider à mieux les maîtriser, c’est une source de stress en moins », souligne Laurent Termignon.
De la même manière, le travail peut être réalisé différemment lorsqu’il est mené à distance. « Une réorganisation peut être nécessaire pour que les équipes travaillent dans de bonnes conditions malgré l’éloignement. La charge de travail peut être répartie différemment pour que l’équilibre entre la vie professionnelle et personnelle des salariés soit respecté. Certaines tâches peuvent être externalisées. La mesure de la performance peut prendre de nouvelles formes et être davantage basée sur la confiance
La reconnaissance étant un facteur de bien-être au travail, féliciter ses équipes à distance est également une piste à exploiter. Enfin, puisque la situation sanitaire est source de stress, « les managers ont également tout intérêt à communiquer sur l’état de santé de leur entreprise et à donner davantage de perspectives
Quelques chiffres
- 1 million : c’est le nombre de salariés qui étaient en burn-out « sévère » fin 2020, selon le cabinet Empreinte Humaine, spécialisé dans la prévention des risques psychosociaux.
- En octobre 2020, la détresse psychologique des salariés français culminait à 49%, soit 7 points de plus par rapport à mai