Le président de l’AIPALS (service de santé au travail de Montpellier), Pierre François Canet a dressé un bilan avec toutes ses équipes sur la santé des dirigeants en automne 2020 et sur l’augmentation de burn-out chez les dirigeants.
« Certains dirigeants ne sont pas salariés de leur entreprise, dans ce cas précis ils sont exclus de tout dispositif de prise en charge de leur santé. Avec la crise de la Covid-19, nombreux sont en danger de burnout. L’État impose aux chefs d’entreprise de prendre soin de leurs salariés, en réalisant le Document Unique d’évaluation des risques et en prenant des mesures pour ces derniers mais il a « oublié » leur santé à eux. Cette situation est profondément illogique, injuste et contre-productive. Il est grand temps d’enclencher une véritable démarche de prévention pour le dirigeant. Il y a même urgence ! La santé du dirigeant est le premier maillon d’une entreprise en forme. »
Ce risque de burn-out est plus important chez les femmes dirigeantes que chez les hommes et plus spécifiquement chez les jeunes dirigeants.
Le nombre de chefs d’entreprise exposés à un risque de burn-out est nettement supérieur dans les TPE : 13% contre 6% pour les entreprises entre 10 et 49 salariés, et 9% pour les entreprises de plus de 50 salariés.
Quels sont les secteurs les plus touchés ?
Dans le commerce, où deux dirigeants sur trois sont non-salariés, 72 % n’étaient pas en télétravail (contre 50% en moyenne dans les autres secteurs), les activités de commerce permettant plus difficilement le travail à distance. La proportion de dirigeant en risque très élevé de burn-out est nettement plus importante dans le commerce :16% contre 9,7% en moyenne.
Dans les services, la majorité des répondants (33%) se situant dans le risque de burn-out dit moyen. Mais selon le baromètre, la santé des dirigeants se dégrade.
Dans l’industrie, le baromètre révèle des dirigeants moins à risque, avec notamment un risque « très élevé » de burn-out inférieur à la moyenne (6% contre 9,7%). Dans ce secteur, le niveau d’étude est supérieur aux autres branches (64% ont un bac+4 et plus, contre 41%) et le taux de dirigeants salariés nettement plus important (73% contre une moyenne de 46%).
Il est important pour ces dirigeants de ne pas se sentir isolés et d’être accompagné durant cette période. Une cellule d’écoute dédiée aux dirigeants est mise en place dans plusieurs régions.
Quelques chiffres
- 89,9 % des dirigeants se déclarent stressés
- 6 dirigeants sur 10 décrivent leur santé physique comme « bonne » voire « très bonne » en revanche plus de la moitié estiment que leur santé mentale n’est pas bonne.
- 65% des dirigeants souffrent d’une mauvaise qualité de sommeil
- 42,5% des dirigeants se disent « trop isolés »
- Un dirigeant sur deux présente un risque de burn-out, dont 17,3% un risque élevé et 9,7% un risque très élevé
Source : Selon le baromètre réalisé à par l’AIPALS et l’observatoire Amarok à l’automne 2020